Rares sont nos musiciens nationaux à s’exporter ; encore plus rares ceux qui sont demandés en Chine.
Rockmeeting vous avait présenté ces derniers mois le nouvel album opéra métal d’Inophis (The Cry Of Gaïa, chronique ICI), sur lequel joue Pascal Mulot, Aurélien Ouzilias et Emmannuel Creis. Notre breton nous revient de Chine pour nous parler de sa tournée là-bas, et méditer sur son année 2015.RM : Quel regard portent les fans chinois sur les musiciens français, en fait sur toi ? et quel regard as-tu vis à vis de ce public par rapport à un public français ou européen ? y-a- t-il des particularités, des réactions, ou des attentions différentes ?
Inophis : En fait, il faudrait plutôt dire sur les musiciens occidentaux de manière générale. Ils sont très curieux de voir ce que cela va donner en live. Après, il y a ceux qui vous connaissent déjà et ceux qui vont vous découvrir. Donc ceux qui vous connaissent déjà attendent bien évidemment certaines choses de votre part ; pour ceux qui vont vous découvrir, il faut savoir les surprendre.
RM : Comment se déroule une tournée en Chine ? la réaction des fans et des organisateurs chinois ? et ce qui a pu te marquer à leur contact ?
Inophis : Comme le pays est grand, cela fait beaucoup de distances de déplacements, de vol en avion, par la route etc… Donc lorsqu’avec la team de Farida, ils organisent les tournées avec les différents organisateurs, nous essayons d’avoir plusieurs dates par secteurs (même si à l’échelle chinoise quelques centaines de km entre deux villes, c’est proche).
Cela fait près de dix ans maintenant que j’ai effectué mon premier concert en Chine, les fans sont toujours heureux de me retrouver. Je suis également ravis d’en rencontrer de nouveaux, les organisateurs sont très satisfaits de mes prestations. »Inophis » : c’est une marque de fabrique pour eux, ils attendent du show, un échange avec le public, un titre phare comme « Horse Racing » etc… et c’est tout ceci qui peuvent les marquer.
RM : Comment se vend l’album en Chine, davantage qu’en France ?
Inophis : J’en vends plusieurs dizaines sur chaque event. En France, et dans le reste du monde, c’est sur iTunes Amazon que vous pouvez vous le procurer.
RM : Tournes-tu en tête d’affiche, avec d’autres groupes, des groupes Chinois ?
Inophis : Oui, toujours en tête d’affiche. Après, chaque event est plus ou moins long suivant qui est l’organisateur. Si c’est une école de musique par exemple, il peut y avoir dix passages ou plus, avant que cela soit mon tour, parfois il n’y en a que quatre. Il y a également des groupes qui se produisent, et nous finissons toujours par une jam. Sur toutes ces scènes je suis le seul européens à chaque fois, tout les autres musiciens sont chinois.
RM : Quelle est la taille des salles, et quelle est en moyenne le nombre de fans par concert ?
Inophis : J’ai fait de tout en Chine, cela peut aller de plusieurs dizaines de personne dans des clubs, live house et autres… à plusieurs milliers pour les events en extérieur. Forcément lors des séances de dédicaces, tu vas dédicacer quelques dizaines de tes posters, mais il m’est déjà arrivé d’en signer une centaine. C’est un exercice auquel il faut se prêter, même si parfois il y a un peu de bousculade, et qu’après ton show tu veux te poser cinq minutes. Mais c’est important de le faire, les personnes veulent se prendre en photo avec toi, veulent ta dédicace, ton album, filmer etc… et puis elles le partagent sur des réseaux sociaux et autres, donc il faut le faire.
RM : A l’instar de Marty Friedman installé au Japon, tu pourrais t’installer en Chine ?
Inophis : Je ne sais pas encore . C’est que la France a de plus en plus de problèmes, perd de sa logique, perd de sa grandeur, perd de ses valeurs, c’est un pays qui se ringardise de plus en plus, qui ne sait plus se faire respecter, qui se laisse marcher de dessus par tout le monde, n’a plus de charisme. On accepte tout et n’importe quoi sans en mesurer les conséquences…triste…
La Chine a aussi des problèmes, mais ils font des efforts, ils sont patriotes et fiers de leur pays, ils ne se laissent pas marcher sur les pieds par les étrangers, et savent imposer leur règle chez eux, donc ne débarquer pas en colon ici. Le contraire de ce qui se passe en France, et il serait grand temps qu’elle se réveille…
RM : Puisque tu évoques la grandeur de la France, et que tu sembles être le seul ou le très rare musicien rock français à te produire là-bas : est-ce que la France, dans sa politique culturelle t’aide ? ou as-tu des mécène privé qui veulent ouvrir leur image ?
Inophis : Non, rien du tout de la part de la France au niveau culturel. Il faudrait déjà que dans les ambassades et consulats, ils mettent en poste des gens qui comprennent le sens de la culture, au lieu de mettre des diplômés d’HEC… (NDLR : HEC = Haut Enervement Chinois)
RM : Certaines villes françaises jumelées Franco-Chine ouvrent des écoles confusssiennes : N’y aurait-il pas des passerelles pour travailler ensemble ?
Inophis : On ne va pas faire de politique dans une interview musicale, mais il vaut mieux éviter les centres confussiens : certains pays les ont déjà fermés, car plus politique que culturel : en France ces centres sont également surveillés.
RM : Finalement qu’est-ce qui te plaît en Chine, et te déplaît ?
Inophis : En Chine, j’aime son dynamisme, le côté »vivant », l’amour qu’ils ont pour leur pays, la culture traditionnelle, certains paysages.
Ce que je n’aime pas : ce sont certaines habitudes, la pollution, et les problèmes alimentaires à répétition.
RM : Quelle aura été la durée et le nombre de dates de ta tournée là bas ?
Inophis : Pour cette tournée d’été, je me suis produit dans une dizaine de villes comme Chenzhou, Suzhou, Changzhou, Hefei, Jining, Taian, Weihai, Huizhou, Zhongshan, Guilin…
Je me suis également rendu à Shenzhen pour faire des nouvelles vidéos promotionnelles pour Aroma, à Kunshan pour tourner des nouvelles vidéos promotionnelles pour Farida ; effectuer quelques concerts privés sur Shanghai.
En Octobre, je me suis produit au Salon International de la Musique de Shanghai durant quatre jours.
Durant l’été, il y a eu également de nouvelles vidéos tournées à Shenzhen 深圳 pour Aroma, également en Octobre pour Farida à Kushan 昆山.
Nous avons aussi parlé de nouvelles spécifications à apporter à mon modèle signature FIS-60.
Juillet19 Taizhou 台州, 24 Suzhou 苏州, 25 Changzhou 常州, 26 Hefei 合肥, 28 Jining 济宁, 29 Taian 泰安, 30 Jinan 济南, Aout 01 Weihai 威海, 07 Huizhou 惠州, 08 Zhongshan 中山, 10 Guilin 桂林, 11 Guilin 桂林Octobre 14-17 Shanghai 上海 au salon international de la musique (NDLR : présenté comme cela, cela fait davantage exotique)
RM : Ton bilan 2015 et ton futur ?
Inophis : De nouveaux, de belles rencontres, de très bonnes scènes L‘accueil très positif de The Cry Of Gaïa à travers le monde, que ce soit de la part de la presse pro et indé. Pour la France aussi, hormis la presse pro spécialisée Metal où là il faut être pistonné…
Un regret, c’est de ne pas avoir pu tourner le clip d’Equinox dû à des problèmes de planning. Je continue de travailler sur le deuxième album d’Equinox, pour une sortie qui pourrait voir le jour en 2017.
RM : Est-ce que tu joues avec un médiator, au doigt ou avec des baguettes ? bon là je plaisante …Merci Inophis pour cette itw dépaysante
Inophis : Cela pourrait être intéressant pour certaines harmoniques, à essayer donc ! Merci à vous, à bientôt.
http://equinoxinophis.com