EQUINOX (FRA) – The Cry Of Gaia (2014)
EQUINOX, c’est le genre de groupe qu’on pourrait qualifier de « super-groupe » et dont le premier album risquerait de passer quasiment inaperçu. A tort. Nous nous étions déjà intéressés à son guitariste et principal compositeur, Olivier « Inophis » Le Bras (il préfère qu’on l’appelle « Inophis » et puis c’est tout) en 2008, à la sortie de son album éponyme, un disque de guitare instrumentale sur lequel il n’avait pas encore déclaré complètement sa flamme au style néo-classique. Avec EQUINOX, c’est désormais chose faite. A ses côtés, on retrouve le surdoué de la basse Pascal Mulot (qui accompagna Patrick Rondat sur ses premiers efforts solo et joue souvent pour des guitar-heroes comme Steve Vaï, Victor Lafuente ou Steve Lukather), et deux musiciens moins connus mais tout aussi talentueux : Aurélien Ouzoulias, batteur récurrent pour Renaud Hantson dans ses divers projets) et le chanteur Emmanuel Creis. Si ce dernier n’a pas le même CV que ses coéquipiers au sein d’EQUINOX, néanmoins il a roulé sa bosse dans SHADYON, combo de Metal progressif avec deux albums à son actif. Un super-groupe, on vous dit. Le danger, c’est quand on prend les meilleurs, on en attend quelque chose de grandiose et bien souvent, la déception l’emporte. Avec The Cry Of Gaia, EQUINOX ne tombe pas dans le piège de la facilité. Mené de main de maître par son guitariste virtuose, EQUINOX saura ravir tous les fans des premiers ANGRA (avec André Matos) et des premiers SYMPHONY X. L’affiliation avec le frontman brésilien ne se situe pas dans des similitudes vocales, mais surtout dans l’approche de la musique, notamment dans ces références multiples à la musique classique et à l’utilisation très proche du piano. Car EQUINOX aime à utiliser différentes familles d’instruments comme les cordes, les cuivres (moins présents il est vrai), les claviers (forcément) et surtout une ribambelle de chœurs lyriques ou épiques franchement impressionnants (« Time Of The Chosen », « In The Eye Of Prophecy », « A Light In The Chaos »). Il en résulte des morceaux variés, riches en instrumentations, jamais linéaires. Certes la plupart des orchestrations proviennent des petits doigts d’Inophis et d’une programmation méticuleuse, mais cela n’enlève rien à l’authenticité de The Cry Of Gaia. Résumer cet album en quelques mots paraît bien difficile, cela dit « The Gates Of The Universe » fera office de bande annonce parfaite. En 4 minutes, tout y passe : gros riff en ouverture, couplets teintés de Metal néo-classique, break au tempo assoupli accompagné par les fameux chœurs, et démonstration finale du prodige Inophis sur sa six-cordes. SYMPHONY X n’a pas fait mieux, dans le genre, depuis The Divine Wings Of Tragedy. Avant cela, EQUINOX brille de mille feux sur les terres de la musique héroïque et virevoltante. Le furieux « Wings Of Fire » et son intro à la RHAPSODY OF FIRE, résonne comme un véritable hommage à J.S.Bach (pour l’ambiance quasi-religieuse) et Antonio Vivaldi (pour ses notes enjouées et tourbillonnantes). « The Cry Of Gaia », en ouverture, place la barre assez haute : EQUINOX ne se contentera pas de proposer du convenu. Il y a toujours une petite chorale menée par un orgue cérémonial par ci, une plage instrumentale avec démonstration de virtuosité à l’appui (ce guitariste, bon sang…) par là. Et quasiment tous les titres de The Cry Of Gaia sont du même acabit (on aura une petite préférence pour « Time Of The Chosen » et la montée en puissance en milieu de morceau, ou encore ce « In The Eye Of Prophecy » jouissif). La ballade « I Had A Dream » est un ton en dessous de « Amber », mais qu’importe. Même la reprise du « The Show Must Go On » de QUEEN offre quelques surprises. Comme SONATA ARCTICA avait revisité le « Still Loving You » de SCORPIONS sur un rythme effréné, ici EQUINOX se permet de reprendre cette chanson à coup de batterie déchainée, sans dénaturer la mélancolie qui se dégage du titre initial. Ce qui nous amène à parler de ce frontman qui chante du Freddie Mercury sans complexe… Emmanuel Creis, qui évolue dans un registre à la limite de l’androgynie, va en surprendre plus d’un, étant capable d’atteindre des notes bien hautes et rappelant parfois les débuts de Joey Tempest (EUROPE), ou d’officier sur un ton plus menaçant par instants (« A Light In The Chaos »). Qu’il doit être difficile d’exister au milieu de cette somme de talents, Inophis en tête… Mais le blond vocaliste s’en sort avec les honneurs et constitue même l’une des curiosités de ce The Cry Of Gaia qui ne PEUT PLUS être ignoré. Score : 4/5 Chroniqueur : NicoTheSpur |