Article original : Darras on the loose Equinox The Cry Of Gaïa
Sorti une première fois uniquement en numérique en 2015, le premier album d’EQUINOX, « The Cry of Gaïa », paraît aujourd’hui au format cd grâce aux bons soins de MYSTYK, un tout nouveau label dont nous reparlerons. Nous avions déjà chroniqué cette première œuvre il y a trois ans, mais force est de constater qu’il s’agit véritablement ici d’une seconde naissance. En effet, le tracklisting judicieusement repensé gomme une bonne partie des quelques réserves que nous avions émises à l’époque. A l’origine d’EQUINOX, on trouve Inophis, guitariste breton au CV long comme le bras, qui partage son temps entre la France et la Chine où il est représentant officiel d’une célèbre marque de guitares. Après trois albums solo, il franchit le pas et se donne les moyens de concrétiser le projet collectif qui lui tient à cœur et pour lequel il nourrit beaucoup d’ambition. S’il a écrit et composé l’intégralité de ce premier album, réalisé les orchestrations et arrangements et assuré sa production, Inophis a pris soin de s’entourer d’une équipe redoutable pour donner vie à sa musique. On trouve ainsi autour de lui un autre breton au chant, Emmanuel Creis, par ailleurs chanteur et guitariste au sein de SHADYON, et une section rythmique qu’on ne présente plus tant leur CV est long comme deux bras : Pascal Mulot à la basse et Aurélien Ouzoulias à la batterie. EQUINOX donne dans le metal symphonique mâtiné de néoclassique, un style où l’approximation ne pardonne pas tant le ridicule guette chaque faux-pas. Heureusement, il n’y en a pas ici. « The Cry of Gaïa » est une œuvre très personnelle, abordant des thèmes universels chers à son auteur, et ce premier album réalise avec brio le difficile équilibre entre metal et orchestrations, entre les interventions de la guitare et celles des autres instruments, pianos, synthés, et aussi des chœurs. Sur ces points délicats, l’album se révèle passionnant et prometteur. Alors que dans sa première version numérique, l’enchaînement des morceaux faisait apparaître une espèce de ventre mou, ce n’est plus le cas sur cette version remaniée dont il est ardu de prendre en défaut la dynamique. Parmi les titres les plus forts, on retiendra le potentiel hit qu’est le titre éponyme, mais aussi « Wings of Fire » qui, une fois passées les descentes et remontées de manche de son intro, propose une interprétation toute en nuances de la part d’Emmnuel Creis. « A light in the chaos » et « The Gates of Universe », quant à eux, présentent une autre facette, un peu plus « opéra », de ce qu’est EQUINOX. Bien qu’omniprésent, Inophis est loin d’écraser les autres membres du groupe. Sa guitare parvient même bien souvent à se faire discrète, pour mieux s’effacer derrière un ensemble qui, bien que chargé en orchestrations et chœurs, n’est jamais pompeux. On en vient même à regretter que le mix ne soit pas plus profond, plus puissant, ou simplement plus ambitieux. C’est particulièrement dommage pour la basse de Mulot qui sonne en retrait, alors que la batterie de son compère Aurel, qui fait feu de tout bois, illumine chaque seconde de l’album. Emmanuel Creis s’en tire quant à lui avec les honneurs, sa voix claire et haut perchée s’imposant avec classe sur les titres les plus enlevés où on le sent très à l’aise dans ses envolées, comme sur « Time of the Chosen », ou encore sur la reprise de Queen, « The show must go on », un choix a priori casse-gueule dont le groupe se sort de manière plutôt probante, pour ne pas dire stupéfiante. Seule « I had a dream », une ballade un peu mièvre que des influences à la Queen (encore) ne parviennent pas à sauver, mais placée désormais en fin d’album, nous laisse dubitatifs. C’est la seule (et insignifiante) réserve sur un album auquel on s’attache au fil des écoutes et qui constitue pour EQUINOX une bien belle et ambitieuse entrée en matière. Gaïa, tu peux sécher tes larmes, il est temps de te réjouir !
EQUINOX
« The Cry of Gaïa »
MYSTYK Prod/ Season of mist
Sortie le 04 mai 2018